J’ai choisi les chemins de traverse. Ils me mènent, à leur gré, jusqu’au col de Couraduque, le plongeoir des parapentistes qui, défiant la gravité, se muent en papillons colorés pour survoler en douceur les alpages du val d’Azun.
Une terrasse en altitude, face à moi, offerts à mon regard, disposés à se laisser capturer par mes crayons et mes couleurs les membres de la tribu des géants Pyrénéens se dressent fièrement : Pic du Midi de Bigorre, Balaïtous, Pic du Midi d’Arrens, Cabaliros, massif du Hautacam…
Je suis prête.
C’était sans compter avec un invité non désiré, le mauvais temps. Mue par un souffle puissant, une armée de nuages, dans leur armure grise, envahit la place. Ils se jettent sur les crêtes qui résistent et les déchirent en une écume mousseuse. Peureux, le soleil s’éclipse laissant le champ libre pour les nuances de gris.
Déçue et émerveillée je sauve ce qui peut l’être. À la pointe du pinceau, je réussis à extraire de ce chaos sublime un prisonnier de guerre, le Pic du Midi, fier emblème de la région de Bigorre au cœur des Pyrénées.
Une aquarelle presque monochrome, simplement rehaussée de quelques lueurs ocrées.
Phil
Pic du Midi de Bigorre
